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Night Eyes - Partie 1

Cinquième et dernière nouvelle écrite pour "La Rue des Bars"

Voilà la cinquième et dernière nouvelle que j’avais pu produire pour les petits exercices d’écritures auxquels nous participions avec mon ami. Comme vous vous en doutez en lisant le titre, elle était sensée être la première partie d’une histoire plus longue. Malheureusement, nos emplois du temps commencèrent à être un peu trop chargés, et “La Rue des Bars” n’eut plus d’autres nouvelles publiées. “Night Eyes” n’aura pour le moment pas de suite.

Samuel réfléchissait. Il était bientôt 21h, l’heure de rentrer chez lui. La paperasse était finie depuis plus d’une heure, le tas de feuilles somnolant paisiblement sur un coin de bureau. Par la fenêtre, les lumières jaunes-orangées de la ville bougeaient au rythme des gouttes de pluie se fracassant contre la vitre, se mélangeant brièvement à l’obscurité de la nuit.

Le bureau était plongé dans le noir, une simple lampe de chevet éclairant la pièce d’une faible lueur peinant à atteindre les coins de la pièce. C’était mieux ainsi, la lumière du plafonnier était beaucoup trop forte pour lui.

Samuel se leva de sa chaise, et commença à ranger quelques affaires dans sa sacoche, aussi lentement que possible. Derrière la porte, le central semblait tout aussi endormi que lui.

Il se sentait bien.

Dehors, les pneus d’une voiture crissèrent sur le bitume humide, et le silence revint. Puis un faible éclat de voix résonna dans le bâtiment, prenant d’un seul coup une ampleur exponentielle.

La porte s’ouvrit brusquement, cassant le sommeil de la pièce.

« Sam, c’est pour toi. T’en reviendra pas. »

Au fur et à mesure que la voiture de police quittait la ville, les immeubles laissèrent leur place aux arbres, les lampadaires se faisant de plus en plus rares.

Samuel se tourna vers le conducteur.

« Bon, qu’est-ce qu’on a ? Demanda-t-il.

- Un mort, un homme, caucasien, environ 70 ans. On n’a pas encore son identité.

- Merde, un suicide ?

- Tu ne serais pas là pour ça. Non, un meurtre visiblement. Samuel eut un rictus

- Comment ça « visiblement » ? Je t’ai déjà connu plus précis, Danny.

- Ouais, mais… tu verras sur place. »

Par la fenêtre, au-delà des champs, des géants faits d’ombres semblaient prendre vie. Pendant plus de dix minutes, seule la pluie se faisait entendre.

« On y est. »

Face à lui, trois grands spots éclairaient un arbre au milieu du champ, lui donnant un aspect presque irréel, beaucoup trop lumineux comparé au reste du décor. En s’approchant, il distingua progressivement l’horreur de la scène.

Il laissa échapper un juron, étouffé par le bruit de la pluie qui martelait les capuches des nombreux policiers et experts présents.

Le tronc de l’arbre dessinait les formes d’une silhouette, avachie sur le côté comme un Romain allongé sur sa klinê. Au centre, se détachant de l’écorce, un visage humain était figé. Samuel compris alors que la silhouette entière était en réalité le cadavre d’un vieillard qui paraissait avoir fusionné avec le bois.

Le médecin légiste s’approcha de lui.

« Pas la peine de vous dire que je n’ai rien vu de tel auparavant.

Samuel tenta de reprendre ses esprits.

- Non en effet… Qui a trouvé le corps ?

- C’est un père et son fils, ils revenaient du restaurant en voiture quand le gamin a vu la silhouette. Le père a tourner la tête, a compris, et a appelé la police.

Samuel se retourna pour observer la route.

- Où sont-ils ?

- À l’hôpital, en état de choc.

Le médecin fouilla dans un carnet, essayant inutilement de le protéger de la pluie.

- La chair de la victime semble littéralement mélangée avec le bois, pourtant même l’écorce est visiblement intacte. Impossible de relever des traces de pas avec cette pluie, et les quelques habitants aux alentours n’ont rien vu. Un grand mystère sur tous les points. »

Samuel s’éloigna de l’arbre, se passant la main sur le visage pour enlever brièvement le masque d’eau qui le recouvrait. Il peinait à se concentrer. L’horreur de la scène, la pluie incessante et la lumière aveuglante des spots lui donnaient envie de vomir. Il valait mieux se mettre à l’abri.

Il remonta à travers la boue du champ vers la route, s’approcha d’une voiture de police, et entra à l’intérieur.

Il soupira.

À peine quelques instants plus tard, une jeune recrue frappa à la vitre. Samuel ouvrit la portière, et sortit la tête.

« On en a un deuxième… »

Photo by Keagan Henman on Unsplash

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